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les degrés de la tolérance

Rédigé par dir 14 commentaires

La tolérance paraît à beaucoup une nécessité du « vivre ensemble ».

Cependant vous remarquerez que la tolérance est une notion floue : ma tolérance n’est pas la tienne.


Comment donc partager ce qui ne s’identifie pas aisément, ce qui ne se mesure pas.

 

Et ce n'est pas tout ! Même pour un seul individu, l’amplitude de la tolérance s’étage de l’indifférence jusqu'à l’aversion.

Voilà pourquoi, dans la chasse vertueuse aux complexités, un débat de clarification peut s’installer sur les degrés de la tolérance.

 


 
Des utopies de la Renaissance créées en réaction aux tensions religieuses aux conceptions liées à un monde devenu global, faisons un tour d’horizon de cette notion en compagnie de sept penseurs (contribution de Gérard M.) 
Des utopies de la Renaissance créées en réaction aux tensions religieuses aux conceptions liées à un monde devenu global, faisons un tour d’horizon de cette notion en compagnie de sept penseurs (contribution de Gérard M.) 
Thomas More (1478-1535) - « Nul ne doit être inquiété pour sa religion » : telle est la règle dans cette terre d’Utopie imaginée en 1516. Non seulement la liberté de culte assure la paix, mais qui sait si Dieu lui-même n’inspire pas aux uns et aux autres des croyances différentes ? S’il s’avérait qu’une seule religion détenait la vérité, « le temps viendrait où, à l’aide de la douceur et de la raison, la vérité se dégagerait elle-même », espère cet humaniste.
John Milton (1608-1674) - « Tolérer, c’est aussi accepter la libre expression d’opinions sans être contraint de les adopter », clame le poète dans Aeropagitica ou De la liberté de la presse et de la censure (1644), discours prononcé en pleine guerre civile devant le Parlement anglais. En effet, « puisqu’il faut démêler l’erreur pour arriver à la vérité », la plus saine des méthodes reste d’« écouter et de lire toutes sortes de raisonnements et de traités ».
Baruch Spinoza (1632-1677) -   « Dans une libre république, chacun a toute latitude de penser et de s’exprimer », pose le Traité théologico-politique (1670). Mais dans les faits, les religions tournent souvent à la superstition : cédant à la crainte, les humains se réfugient dans « la volonté de Dieu, cet asile de l’ignorance ». Ils tiennent alors leurs croyances pour des vérités universelles, ne laissant plus de place à la liberté de jugement ni à la raison.
John Locke (1632-1704) - « Séparation de l’Église et de l’État », exige la Lettre sur la tolérance (1689). Non pas au motif d’un droit inaliénable de l’individu à croire ce qui lui chante, mais parce que la croyance ne dépend pas de la volonté : elle échappe donc à l’autorité politique. « Le soin des âmes ne saurait appartenir au magistrat civil », lequel doit sauvegarder les intérêts des citoyens : tant que les croyances n’y nuisent pas, chacun est libre.
Emmanuel Kant (1724-1804) -  « Il n’y a qu’une (vraie) religion » : impliquée par la morale, enseignée par la raison, elle est la même pour tous (La Religion dans les limites de la simple raison, 1793). « Mais il peut y avoir plusieurs espèces de croyance » (musulmane, juive, chrétienne…) : les tolérer, c’est respecter la liberté, donc faire usage de notre raison. Touchant à notre devoir d’humains, la véritable tolérance ne se confond jamais avec l’indifférence.
Karl Popper (1902-1994) -  « La tolérance illimitée doit mener à la disparition de la tolérance » : tolérez l’intolérance et la tolérance perdra tout sens (La Société ouverte et ses ennemis, 1945). Un paradoxe illustré par la République de Weimar, qui a toléré les nazis et conduit à la fin de l’État de droit. Dans Tolérance et Responsabilité (1981), Popper se réfère à Voltaire pour faire de la reconnaissance de son ignorance la condition de la tolérance.
Michael Walzer (1935-) - « Tolérer c’est accepter la présence de personnes dont on ne partage ni les croyances ni les pratiques », rappelle le philosophe américain dans son Traité sur la tolérance (1997). Or, « les groupes tolérés […] sont en fait, pour la plupart, intolérants ». En privant de pouvoir les autorités religieuses, la séparation de l’Église et de l’État doit permettre à ces groupes de « faire l’apprentissage de la tolérance ».     
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