Simplication

des procédures, des formulaires, des objets et des concepts

convaincre en toute simplicité

Rédigé par dir 11 commentaires

De prime abord, il est bien complexe de convaincre et de rapprocher deux points de vues. Il faut en effet écouter, expliquer, malaxer jusqu’à rendre perméable, reformuler, valider les points d’ouverture et y revenir souvent. Donc la question d’apporter de la simplicité à l’art de convaincre est légitime. Déjà la rhétorique des Aristote, Démosthène, Cicéron et autres Quintilien recherchait comment amener une personne à accepter ce qu’auparavant elle ne pensait pas ou n’en avait aucune préoccupation.
Un instantané pourrait-il aisément convaincre ? On raconte que le bruit d’une portière de voiture qui se referme assure à l’acheteur de la robustesse. L’image de la petite vietnamienne fuyant le bombardement au napalm décrit l’horreur de la guerre. Schopenhauer - voir aussi le film le brio - recommandait l’utilisation de métaphores favorables, c’est-à-dire le recours à des analogies proches du contexte.
Une méthode, que d’autres appelleront stratagème, m’est nécessaire pour tracer un chemin qui paraîtra facile d’accès à mes propositions. Ainsi, pour conduire à son point de vue, il convient d’instiller un sentiment fort, tel la répulsion, la puissance, la compassion, … qui concerne ceux à convaincre car on ne les persuade que par leurs propres motivations.
Plus l’argument est concis mieux il est percutant, mieux il atteint sa cible. Le principe du rasoir d’Occkam incite à choisir les explications aisément compréhensibles et à s’éloigner des formulations ampoulées. Ici la forme et le fond sont indissociables ; notre cerveau accepte volontiers ce qui est facile à comprendre et tend à rejeter un contenu dont le contenant est compliqué.
Pour atteindre la parcimonie de l’argumentation, celui qui veut convaincre doit s’en imprégner avant que de l’émettre ; c’est le sens que donnait Boileau au célèbre aphorisme "ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement. Et les mots pour le dire arrivent aisément". L’imprégnation est aussi saluée par Descartes, pour qui "ceux qui digèrent le mieux leurs pensées afin de les rendre claires et intelligibles peuvent toujours le mieux persuader de ce qu’ils proposent"
L’imprégnation la plus naturelle ou la plus facile est d’être convaincu soi-même ; l’exemplarité, le leadership et les vertus de l’expérience irradieraient la confiance par l’authenticité et l’honnêteté intellectuelle. Cependant c’est faire peu de cas de l’argumentation du commercial à qui la firme ne demande que vendre et, Abba Eban élargit l’écartement en énonçant que "la propagande est l’art de persuader les autres d’une chose à laquelle on ne croit pas soi-même".
En fait, le plus simple, comme toujours, est de ne rien faire. Il est des points de vue irréconciliables par essence. Le premier examen du simplificateur est de repérer de tels situations afin de ne pas investir en pure perte d’énergie ou d’éventuellement étudier comment renforcer ses propres arguments. Il est probable qu’un débat entre croyants acharnés ou une polémique politique méritent, à ce titre, l’évitement.
La frontière entre persuader et convaincre, entre séduction et raison devient plus floue ; d’autant plus floue que la simplification appelle au sentiment, vante la parcimonie et recommande l’appropriation.

Sur le site Cnrtl, on lit que les antonymes du verbe convaincre sont douter et dissuader ; on peut y admirer une belle galaxie des mots proches http://www.cnrtl.fr/proxemie/convaincre.

 

 

11 commentaires

#1  - sphinx a dit :

convaincre c'est imaginer un chemin qui te paraîtras facile d'accès à ma proposition

#2  - bellet claudine a dit :

Pour convaincre : sur le fond il est indispensable d'être soi-même "convaincu" et ainsi
générer la confiance
sur la forme : il paraît souhaitable de s'exprimer d'une manière claire et concise

#3  - bellet claudine a dit :

Convaincre c'est être "convaincu" soi-même pour inspirer la confiance
et
s'exprimer de façon claire et concise

#4  - marie poujol a dit :

convaincre c'est tout d'abord écouter, puis reformuler en validant les points possibles d'ouverture, de changements

#5  - Paul a dit :

Il faudrait revoir à ce sujet le film "le brio" avec Daniel Auteuil.

#6  - Ghislaine PIERQUET a dit :

Convaincre, c'est laisser sa passion prendre le pas sur son mental, sur ses désirs. Convaincre, c'est d'abord, être authentique. :)

#7  - Claude Coustan a dit :

Si on considère que convaincre s'est amener l'autre à accepter notre vue, on peut tenter de s'adresser à sa raison, à son intelligence. Mais l'exercice n'est pas obligatoirement des plus simples.
Les personnes que nous voulons convaincre ne sont pas toutes dotées du même niveau de compréhension aussi une méthode qui parait plus simple est celle qui consiste à travailler par analogie, en prenant un exemple proche de ce qu'il nous faut exposer pour convaincre. Mais est-ce que se sera suffisant?
Convaincre un croyant pur et dur qu'il est indispensable de ne plus prendre le Livre saint à la lettre !!!

#8  - Marielle a dit :

Le Robert nous dit que convaincre c'est amener quelqu'un à reconnaitre la vérité/la nécessité d'un fait ou d'une proposition. Cela décrit le résultat, pa a manière d'y parvenir. On peut convaincre par la force,la séduction, la manipulation, l"abus de la soumission à l'autorité (de quelque nature que soit cette autorité). On peut aussi choisir de convaincre (ou de s'efforcer de la faire) en respectant l'intelligence de l'autre. On s'expose alors au risque (ou à la chance ?) de se laisser convaincre. Convaincre est, par nature, un acte complexe parce qu'il confronte deux représentations du monde, deux paradigmes (pardon pour le pédantisme) et cherche à rapprocher l'un de l'autre. La simplicité c'est peut être de reconnaître cette complexité. La simplicité, si on choisit de jouer le jeu à armes égales, c'est peut être d'assumer qu'on sait comment cela démarre mais qu'on ignore où cela aboutira parce qu'allez savoir où mènera le ping pong entre les deux pensées. ... ?

#9  - Armand WIZENBERG a dit :

"Convaincre" dans le contexte de la "simplification", c'est en premier lieu s'appliquer à identifier dans quelle situation on se trouve, et il me semble, pour simplifier, qu'il y a les 2 cas suivants :
- Soit, on souhaite convaincre pour des raisons subjectives, par exemple par intime conviction personnelle. L'action est alors sans enjeu objectif et pour "simplifier", on peut ne pas y investir de l'énergie ou très peu. Exemple : convaincre son beau-frère de voter comme nous lors d'un scrutin.
- Soit on souhaite convaincre car on est mandaté pour le faire par autrui ou par une nécessité personnelle. Là c'est plus compliqué, car convaincre et simplifier ne font plus bon ménage : c'est toute une stratégie qui doit être mise en oeuvre pour qu'à la fin, on ait le sentiment d'avoir convaincu ou du moins obtenu un certain résultat. Le seul conseil que l'on puisse donner serait de ne pas tenter de convaincre une personne ou un groupe de personne si on n'a pas des arguments qui pèsent suffisamment. Exemple : je suis candidat à un poste politique et je me trouve confronté à un groupe d'opposants furieux et déterminés !
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#10  - Monique a dit :

Convaincre, c'est passer de l'affirmation : "Je sais faire" à la démonstration : "Je vais vous démontrer comment je sais faire".
Convaincre, c'est aussi rester sincère et soi-même : traits d'humour ou figures rhétoriques peuvent séduire chez un autre et faire un "flop" si non adaptés à notre personnalité !
Dans l'Antiquité, de nombreux penseurs grecs et romains ont réfléchi à cette question : "Comment arriver à amener quelqu'un, sans contrainte apparente, à penser quelque chose qu'il ne pensait pas auparavant ?".
Ils ont donc mis au point une méthode qu'ils ont appelée la "rhétorique" (du grec : "art de la parole". Parmi eux citons les Grecs Isocrate, Aristote et Demosthène (IVe siècle av J.-C.), Hermogène (IIe siècle ap J.-C.) ou les Romains Cicéron (Ier s. av. JC) et Quintilien (Ier s. ap. JC).

#11  - Florian a dit :

Je suis convaincu que le tabac est nocif pour ma santé
Pourtant je n’arrête pas de fumer et même l'info sur le paquet "fumer tue" ne me fait pa speur.

Je n’arrêterai de fumer que si j'en suis PERSUADé, c'est à dire que j'aurai fait mien le conseil qui m'a été prodigué.

Ce sont 2 notions différentes

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