innovation
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L'innovation est-elle une fulgurance, une irruption du hasard ou suit-elle un processus de lente élaboration ? D'un côté, la sérendipité semble relever d'une simplicité aboutie ; d'un autre côté, des méthodes comme le "design thinking"essaient de réduire la complication. En intersection entre le Design Thinking et la simplification, nous retrouvons la règle de Bas&Haut.
Le compte-rendu ci-dessous s'inspire de la recommendation de raconter une histoire.
Un loup bien innovant (credits DF)
Encore un troupeau attaqué par le loup ! Tout le canton était en émoi et la colère des éleveurs enflait. Le ministre de l’agriculture, vertement interpellé, les assura d’aboutir à un résultat innovant. Les conseillers du ministre, réunis en séminaire sur l’innovation, lancèrent les mots de brainstorming, Six Sigma ; certains tracèrent même une matrice des découvertes.
Une nouvelle attaque meurtrière du loup poussa le ministre à accélérer les réflexions ; il imposa la méthode qu’un jeune conseiller appelait "design thinking" ; il en avait vanté l'agilité -il en fallait avec le loup- et la collaboration -sans en attendre cependant trop de sa part-.
Le jeune conseiller fut chargé de constituer, sur le champ, une équipe qui s’installa dans le canton. Elle entreprit d’abord d’identifier tous les intéressés : loups, brebis (très concernées), promeneurs de-ci de-là, bergers, habitants … Chacun des intéressés, disait la méthode, détenait une partie des problèmes et des solutions. Il suffisait de les en faire accoucher.
Alors, chacun dans l’équipe, endossa un rôle -ethnologue, journaliste, photographe ou flâneur - pour cerner les problèmes, observer les intéressés, en recueillir les désirs et points de vue.
Le loup faisait valoir ses habitudes nocturnes et les conteurs rapportaient les anciennes terreurs qu’il inspirait. Les randonneurs craignaient maintenant les chiens de Pyrénées, gardiens du troupeau. Que ressentait le berger ? Comment le garde-chasse gardait ?
Le ministre, en déplacement dans le canton, rappela son objectif d'atténuer la souffrance des éleveurs. Aussitôt un psychologue de l’équipe proposa de modifier la terminologie ; le simplificateur, lui, ne disait rien. Une première maquette décrivant des troupeaux dédiés à être dévorés fût rejetée y compris par le loup qui réclama alors le droit de choisir.
Les rêves dessinèrent une seconde maquette dont le jeune conseiller raconta l’histoire : le loup détecté par l'électronique était déplacé dans un département sans mouton. Le simplificateur y retrouvait ses 3R – regrouper, rejeter et remplacer ; les écologistes eurent du mal à ajuster leur reproches et le loup ne fut plus interviewé.